Une cabane dans les bois

Citations extraites de "Walden ou la Vie dans les Bois" de Henry-David Thoreau, un des papas de la désobéissance civile américaine. Il était allé vivre quelques temps dans une cabane dans les bois. Le livre, c'est chez Gallimard, collection L'Imaginaire.


De la simplicité, de la simplicité, de la simplicité ! [...] Simplifiez, simplifiez.

Avoir action sur la qualité du jour, voilà le plus élevé des arts. Grâce à la pensée, nous pouvons être à côté de nous-mêmes dans un sens absolument sain. Par un effort conscient de l'esprit, nous pouvons nous tenir à distance des actions et de leurs conséquences ; sur quoi toutes choses, bonnes et mauvaises, passent près de nous comme un torrent.

J'ai été un aussi sincère adorateur de l'Aurore que les Grecs. Je me levais de bonne heure et me baignais dans l'étang ; c'était un exercice religieux, et l'une des meilleures choses que je fisse. On prétend que sur la baignoire du roi Tching-thang des caractères étaient gravés à cette intention : "Renouvelle-toi complètement chaque jour ; et encore, et encore, et encore à jamais." Voilà que je comprends. Le matin ramène les âges héroïques. [...] L'homme qui ne croit pas que chaque jour comporte une heure plus matinale, plus sacrée, plus aurorale qu'il n'en a encore profanée, a désespéré de la vie et suit une voie descendante, de plus en plus obscure. [...] Le matin, c'est quand je suis éveillé et qu'en moi il est une aube.

Il est bien d'avoir de l'eau dans son voisinage, pour donner de la balance à la terre et la faire flotter. Il n'est pas jusqu'au plus petit puits dont l'une des valeurs est que si vous regardez dedans vous voyez la terre n'être pas continent, mais insulaire.

J'aime une large marge à ma vie. Quelquefois, par un matin d'été, ayant pris mon bain accoutumé, je restai assis sur mon seuil ensoleillé du lever du soleil à midi, perdu en rêve, emmi les pins, les hickorys et les sumacs, au sein d'une solitude et d'une paix que rien ne troublait, pendant que les oiseaux chantaient à la ronde ou voletaient sans bruit à travers la maison, jusqu'à ce que le soleil se présentant à ma fenêtre de l'ouest, ou le bruit de quelque chariot de voyageur là-bas sur la grand-route, me rappelassent le temps écoulé [...] Ce n'était point un temps soustrait à ma vie, mais tellement en sus de ma ration coutumière.