En direct de Shanghai : Entretien avec Yohan Radomski


L'ADFE Shanghai me tire le portrait sur leur compte WeChat : https://mp.weixin.qq.com/s?__biz=MzU5OTU2NTMzOA%3D%3D&mid=2247484154&idx=1&sn=11bd995400d0dd1972f6286e7da6b3a3&chksm=feb3b78fc9c43e99ec7ae04a96a11bc41931a67f98faf305372dddc5e0d49f02c520c0ce1075&mpshare=1&scene=1&srcid&sharer_sharetime=1573800951055&sharer_shareid=beaadddf9a6af8fc48473055e43edaf9&pass_ticket=kc%2BdwKmkHRRm0561ioXXRw35KCdvVcy6xPzJ%2FmEBsytR4x9KKotLIH%2BkhfuuJfNc&fbclid=IwAR2Hj8S7weit9aPaIJdf0UfEvc0HTyBm3YjBQxV4UWfOL-0GAmbTuXGoVsc#rd

Nous vous présentons chaque mois une personne vivant à Shanghai. Pour ce deuxième portrait, nous avons rencontré Yohan Radomski.

Si vous vivez à Shanghai depuis quelques années, vous aurez peut-être déjà croisé Yohan. Si vous venez d'arriver, vous le trouverez très certainement à L'Arbre du Voyageur, dans le parc Zhongshan ou encore à une rencontre autour de la bande dessinée.


Yohan est le responsable de L'Arbre du Voyageur, la librairie francophone de Shanghai, qui est un service de l'Institut Français de Chine. Mais il est également passionné de Qigong, qu'il pratique depuis de nombreuses années, et de bande dessinée pour laquelle il écrit des scénarios et tente de faire connaître des auteurs chinois en France.


La Découverte de la Pologne
Originaire de la région de Poitiers, Yohan a fait une partie de ses études sur Nancy et Bordeaux. Il étudie les langues (anglais, italien et polonais), puis plus tard fera un diplôme pour enseigner le français comme langue étrangère (FLE), ce qui l'amènera à partir en Pologne en 2006 pour enseigner. La Pologne, c'est le pays de son grand-père, venu en France en 1940 pour continuer avec les Alliés le combat contre le nazisme. Yohan n'y était jamais allé enfant, pourtant il y renouera avec sa famille et se liera d'amitié avec Jakub Rebelka, le dessinateur avec qui il a réalisé sa dernière bande dessinée (La Cité des Chiens). Pendant son temps libre, il commence à donner des cours de Qigong, une pratique méconnue dans ce pays à l'époque.

En Route vers la Chine
Après deux ans en Pologne, et étant attiré par la culture traditionnelle chinoise, il décide de partir pour la Chine en 2008, d'abord vers Harbin. A son arrivée, les clichés qu'il avait tombent : la vision d'un restaurant Mc Donald's l'étonne, la Chine a embrassé la culture américaine et la culture traditionnelle n'est plus que peu perceptible. Ce n'est qu'en vivant longtemps dans le pays et en faisant les bonnes rencontres qu'on la perçoit en arrière-plan.

En pleine ouverture, la Chine veut parler les langues du monde, et à Harbin, Yohan sera chargé d'ouvrir le département de français de l'Université Normale. Yohan se plonge dans l'apprentissage du mandarin, fréquente plusieurs enseignants de Taijiquan et continue à donner des cours de Qigong, cette fois à des étudiants chinois et coréens.

Quand on lui demande d'expliquer cette pratique, Yohan explique qu'il existe de nombreux courants de Qigong, un mot un peu fourre-tout surtout utilisé depuis les années 50. Le Qigong qu'il enseigne est un art lié à la culture taoïste dont le but est non seulement d'améliorer la santé de ceux qui le pratiquent, mais aussi de trouver une certaine sérénité en intégrant le Tao, le changement perpétuel qui anime toutes choses. Cela en fait donc une pratique aussi bien physique que spirituelle, et même écologique car elle favorise un grand respect pour la Nature dont l'Homme fait partie intégrante aux yeux des taoïstes.

La Culture à Shanghai
Recherchant davantage d'opportunités culturelles, puisque Yohan écrit aussi beaucoup d'articles et travaille sur des scénarios de bandes dessinées, il décide de s'installer à Shanghai en 2010. Il travaillera d'abord à l'Université Fudan, puis ira à l'Université du Commerce Extérieur et enfin passera par l'Alliance Française. Ayant déjà travaillé en librairie et médiathèque en France, il postule en 2016 en tant que responsable de L'Arbre du Voyageur et est choisi.
 
Ce travail le rapproche de sa première passion. Voilà de nombreuses années que Yohan écrit des nouvelles, des articles en lien avec la BD, des scénarios pour le magazine jeunesse Je bouquine. Il a déjà publi
é trois albums (La Danse macabre et les deux volumes de La Cité des Chiens), et il travaille sans cesse sur de nouveaux projets en collaboration aussi bien avec des dessinateurs chinois qu'européens.


Un de ses objectifs est de faire découvrir la bande dessinée chinoise, si peu connue à la fois en Chine, car moins populaire depuis les années 80, mais aussi à l'étranger. Pour cela, il travaille avec les Editions de la Cerise qui éditent des auteurs chinois en France. Ont déjà été publiés : Au Pays du Cerf blanc de Li Zhiwu, Souvenirs de Hulan He de Hou Guoliang et Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes de Dai Dunbang.

Yohan entretient un lien régulier et particulièrement affectif avec le grand dessinateur shanghaien Dai Dunbang ou encore un lien complice avec Thierry Robin (dessinateur français vivant près de Shanghai, pionnier des échanges interculturels avec la Chine) avec qui il explore le monde du dessin chinois.

Les Arts du Tao
Concernant sa deuxième passion, Yohan continue de partager ses riches connaissances sur les traditions chinoises. En plus de ses cours de Qigong, il donne depuis quelques mois un cours de Taijiquan, art martial qu'il étudie depuis sept ans avec son maître shanghaien Hao Yinru. Si le Taijiquan a une visée martiale et repose sur des bases corporelles rigoureuses, il faut une longue pratique et un haut niveau avant d'envisager une utilisation au combat. Au quotidien, Yohan l'assimile alors davantage à une pratique d'entretien du corps qui harmonise le mental et conduit à la droiture et la bienveillance.

Le but de donner des cours, ce n'est bien sûr pas de faire des profits de cette activité, c'est avant tout la transmission et le partage de connaissances dans la tradition fraternelle et humaniste des élèves qui deviennent enseignants et transmettent à leur tour leurs connaissances. Yohan cite un proverbe confucianiste "On se réalise à moitié par la pratique, et à moitié par l'enseignement", et il se réjouit quand il voit les bénéfices psychocorporels de ces « chinoiseries » autour de lui. Vous pouvez découvrir le Qigong et le Taijiquan avec Yohan en suivant le compte Wechat des Arts du Tao :

 Au travers d'échanges avec le dessinateur Dai Dunbang et son entourage d'élèves et d'amis ou encore avec son maitre de Taijiquan Hao Yinru, Yohan continue semaine après semaine son exploration du Wen (la culture) et du Wu (la bravoure) comme le veut la culture traditionnelle chinoise et poursuit son rôle de passeur pour partager ce qu'il apprend de la Chine avec les Français.

Un entretien de 2014 sur le site du Consulat :
https://cn.ambafrance.org/Portraits-de-Francais-a-Shanghai